Airseas, une voile d’avance sur la décarbonation du transport maritime
Basée au sein du Brick à Nantes, Airseas s’est donné pour mission de décarboner le transport maritime grâce à une technologie inspirée du kitesurf. L’entreprise concentre aujourd’hui ses efforts sur l’industrialisation de son système de kite automatisé, le Seawing, avec pour ambition de réduire de 20 % la consommation moyenne de carburant des navires de commerce.
Airseas est née à Toulouse, en 2016, de l’initiative d’ingénieurs d’Airbus passionnés de kite et de voile. Ils imaginent alors équiper les navires d’un kite automatisé capable de les tracter en utilisant la force du vent. « La première maquette avec une petite voile de 4 ou 5 m² a démontré qu’un vol dynamique générant de la traction était possible. D’autres d’essais, en augmentant progressivement la taille de la voile, ont confirmé l’intérêt de la traction à plus grande échelle », témoigne Mathieu Séguier, responsable des achats Airseas. Rapidement, le projet séduit par son potentiel écologique et technologique. Un premier contrat est signé avec Airbus, en 2018.
Des essais en mer, puis sur terre
Fin 2021, la première aile est installée sur un navire affrété par Airbus, Le Ville de Bordeaux, et utilisé pour transporter des pièces aéronautiques entre la France et les États-Unis. Quelques mois plus tard, un autre contrat est signé avec l’armateur japonais K Line pour l’équipement d’un premier de leurs navires avec une aile de 1000 m². Le système est installé, dès 2022, sur le Cape Brolga, un navire opérant principalement entre le Japon et l’Australie.
Il y a, à Nantes et Saint-Nazaire, une vraie dynamique d’ingénierie autour de l’innovation maritime. On s’y sent à notre place. Nantes est un terreau fertile pour penser autrement le transport maritime.
Responsable des achats – Airseas
Un virage vers l’industrialisation
Les résultats sont au rendez-vous : grâce à l’automatisation complète du système, le Seawing s’intègre sans difficulté à bord d’un navire commercial. Ces succès convainquent l’entreprise de passer à l’étape suivante. En 2023, l’entreprise franchit un tournant majeur avec son rachat par l’armateur japonais K Line. « Il existe de fortes contraintes imposées aux armateurs, aux chargeurs et à toutes les entreprises du secteur maritime pour décarboner leur flotte et le transport des marchandises. Ils n’auront pas d’autre choix que de trouver des moyens pour mettre en place cette décarbonation et cela passe notamment par des technologies comme la propulsion vélique », déclare Mikio Aso, directeur financier d’Airseas. « L’avantage de ce système, c’est sa capacité à s’adapter aux navires existants sans nécessiter de modifications de leur architecture, c’est sa compacité et c’est le fait qu’elle n’affecte pas la capacité de chargement du navire ». D’ici à une dizaine d’années, K Line ambitionne d’équiper avec les systèmes Seawing un quart de sa flotte, composée de plus de 400 navires.
Une implantation forte dans l’écosystème nantais
Dès 2021, Airseas quitte Toulouse pour s’installer au sein du Brick, un bâtiment totem consacré aux industries maritimes et nautiques, situé dans le Bas-Chantenay à Nantes. « Il y a, ici, une vraie dynamique d’ingénierie autour de l’innovation maritime. On s’y sent à notre place. Nantes est un terreau fertile pour penser autrement le transport maritime », constate Mathieu Séguier. Cette même année, Airseas participe à la première édition de « Wind For Goods » et se joint à une délégation d’entreprises sélectionnées par Nantes Saint-Nazaire Développement pour assister à l’événement « Change Now » à Paris.
Un réseau de fournisseurs locaux
« En quittant Toulouse, l’un de nos premiers chantiers a été de reconstruire un réseau de fournisseurs locaux. Ce tissu industriel de proximité est un vrai atout pour un projet comme le nôtre, parce que nous travaillons en mode prototypage, avec des ajustements constants. Avoir des fournisseurs capables de répondre vite, de venir sur site, de faire évoluer une pièce en lien avec nos équipes d’ingénierie, c’est vraiment précieux ! », explique Mathieu Séguier.
Une centaine de collaborateurs à Nantes
L’entreprise compte aujourd’hui une centaine de salariés et collabore également avec les écoles et centres de formation locaux, notamment pour les profils d’ingénieurs (avec Centrale Nantes, par exemple). « Nous privilégions aussi le local pour trouver des compétences, car il y a tout ce qu’il faut dans la région. Nous recevons toujours un grand nombre de candidatures pour les postes, y compris ceux nécessitant des profils très techniques », se réjouit Pauline Trémulot, responsable des ressources humaines chez Airseas.
Airseas participera les 19&20 juin à la 3e édition de Wind for Goods
« C’est l’occasion, pour nous, de montrer concrètement ce que notre système peut apporter, d’expliquer notre démarche et de faire évoluer les représentations sur l’usage du vent en mer. On y rencontre des chercheurs et des entreprises qui partagent notre ambition de transformer le transport maritime ». Mathieu Séguier