Jean ZANUTTINI
Co-fondateur de NEOLINE

Visionnaire de la décarbonation du maritime, Jean Zanuttini incarne une nouvelle génération d’entrepreneurs engagés à Nantes. Cet Alsacien d’origine, ancien officier de la marine marchande qui a fait ses classes sur le Trois-mâts Belem, est le co-fondateur et président de Neoline, une entreprise pionnière créée à Nantes dans le transport de marchandises à la voile. Porté par la conviction que le vent peut redevenir le moteur de la marine marchande, il développe depuis 2015 un cargo innovant, le Neoliner, capable de réduire drastiquement les émissions carbone. À la croisée de l’innovation technologique et du respect de l’environnement, Jean Zanuttini trace un sillage prometteur pour une marine marchande plus responsable.
Découvrez son portrait en vidéo
Comment a démarré l’aventure Neoline ?
L’aventure Neoline a démarré en 2011. Nous étions neuf cofondateurs, tous des professionnels de la marine marchande. Ce qu’on voulait, c’était vraiment créer une solution de transport qui soit la plus économe en énergie. De plus, nous étions plusieurs à avoir à la fois à naviguer sur des cargos, mais aussi sur le Trois-Mâts Belem. Cela nous a permis de découvrir la voile de travail, issue d’une autre époque.
Pouvez-vous nous expliquer cette innovation qu’apporte Neoline dans la filière de la propulsion vélique ?
Neoline, à la base, c’est un projet de ligne transatlantique entre Saint-Nazaire, Saint-Pierre-et-Miquelon, Baltimore et Halifax avec un navire roulier de 136 mètres, principalement propulsé par 3000 mètres carrés de voile. L’innovation, c’est que nous allons utiliser à la fois le vent en propulsion principale et en même temps faire du transport de taille industrielle, à savoir transporter du fret dans les standards de la logistique.
Mis à l’eau en janvier dernier, le Neoliner Origin sera inauguré à Nantes en juillet 2025. Comment vivez-vous ce passage du rêve à la réalité ?
C’est extrêmement enthousiasmant. Cette mise à l’eau fin janvier a été un moment très, très fort pour toute l’équipe, pour tous les partenaires. C’était vraiment fondateur de voir ce navire de 136 mètres partir à l’eau et flotter, enfin, après plus de 13 ans de travail sur ce projet.
Ce qui nous a attiré dans la région nantaise, c’est l’écosystème existant dans le transport maritime, dans la construction navale industrielle.
Et c’est aussi la construction d’une entreprise. Nous recrutons des équipages et changeons de métier tous les six mois. Donc, c’est aussi évidemment très exigeant pour toutes les équipes. Nous avons hâte que le navire entre en service.
Pourquoi avoir fait le choix de Nantes pour installer votre entreprise ?
Ce qui nous a attiré dans la région nantaise, c’est l’écosystème existant dans le transport maritime, dans la construction navale industrielle. On y trouve à la fois des académiques, de vraies industries comme les Chantiers de l’Atlantique et tout ce tissu d’entreprises autour qui savent ce que c’est vraiment que de construire un navire. C’est un navire de commerce moderne. C’est ce qu’on est venu chercher ici.
De quels accompagnements avez-vous bénéficié à Nantes ?
Nous avons bénéficié de beaucoup de soutiens. On peut parler notamment d’Atlanpole, dont nous faisons partie, mais également du Pôle Mer Bretagne Atlantique, la région Pays de la Loire et la Bpi qui nous a accordé des prêts pour financer nos développements technologiques, ainsi qu’un prêt pour le navire en construction. Et puis aussi des accompagnements plus généraux par la ville de Nantes et l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement sur la mise en lumière et la recherche de locaux.
La 3e édition de l’événement Wind for Goods a lieu des 19&20 juin 2025 à Saint-Nazaire. En quoi cet événement est-il important pour l’avenir de la propulsion vélique ?
Wind for Goods est l’unique salon qui traite exclusivement de l’usage du vent pour propulser des navires, l’usage du vent sous toutes ses formes. Cela vraiment important parce que c’est l’occasion pour tout ce jeune secteur de démontrer sa capacité d’innovation, sa diversité et ses progrès. Il y a à la fois des équipementiers qui développent différents types de propulseurs éoliens, soit en auxiliaire, soit en principale, et des armateurs comme nous, mais comme d’autres également, qui viennent montrer ce qu’ils développent comme services en utilisant le vent de façon plus ou moins forte.
Nous faisons tous partie de l’association Wind Ship, basée à Nantes aussi, et qui soutient de façon très active ce développement du secteur de la propulsion vélique qui est une solution majeure pour la transition du transport maritime.
Quels sont vos lieux préférés à Nantes ?
Je crois que ce qui me plaît le plus, c’est peut-être les Machines de l’île, c’est vraiment extraordinaire ! Et juste à côté, il y a aussi la Maison des Hommes et des Techniques, ouverte au public en accès libre et qui montre le passé industriel et de construction navale à Nantes, notamment avec les Chantiers Dubigeon. C’est vraiment chouette, j’invite tout le monde à la visiter.
Le Neoliner, naissance d’un géant des mers en janvier 2025
Fruit de 12 années d’engagement et de passion, la construction de ce navire de type roulier de 136 m à propulsion vélique a vu le jour lors de sa mise à l’eau en Turquie en janvier 2025.
L’objectif ? Diminuer de plus de 80 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux navires conventionnels de taille similaire, grâce à la réduction du besoin énergétique et à l’utilisation principale de la propulsion vélique.
La construction du navire a été confiée au chantier naval turc RMK Marine, accompagné par un consortium de partenaires français, incluant notamment Chantiers de l’Atlantique, MAURIC, D-ICE Engineering, Fouré Lagadec, Engie Axima et Bio-sea UV.
Le navire sera inauguré à Nantes en juillet 2025.