Khadija NEMRI
Directrice de l’Ecole de la 2e Chance (E2C)

Après un parcours de 20 ans dans le monde de l’entreprise, jalonné par de nombreuses expériences dans le domaine des transitions environnementales et sociétales, Khadija Nemri a pris la responsabilité de l’Ecole de la 2e Chance (E2C) de Nantes et Saint-Nazaire en juin 2024. Comme son nom l’indique, cette école donne une 2e chance à des jeunes, souvent issus des quartiers prioritaires ou du monde rural, qui sortent du système scolaire sans diplôme. Khadija Nemri se démène chaque jour pour démarcher de nouvelles entreprises qui accepteront de former ces jeunes et de jouer la carte de l’insertion sociale et professionnelle. Avec succès puisque ce sont déjà 300 entreprises de Nantes et Saint-Nazaire qui apportent leur pierre à l’édifice, dans des secteurs aussi divers que l’aide à la personne, l’industrie ou le réemploi.
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Pouvez-vous nous expliquer les spécificités de l’Ecole de la 2e Chance ?
L’Ecole de la 2e Chance (E2C) est ouverte à des jeunes qui ont entre 16 et 30 ans. 40% d’entre eux viennent des quartiers politiques de la ville, donc des quartiers populaires. 10 à 15% d’entre eux viennent également du milieu rural et tout le reste concerne la diversité des situations géographiques et diverses classes sociales. 90% d’entre eux n’ont jamais eu d’expérience professionnelle. 70 à 75% d’entre eux n’ont pas de diplôme. Ils arrivent soit avec un projet professionnel qu’ils veulent voir se concrétiser ou sans aucune idée d’orientation.
L’Ecole de la 2e Chance est là pour les remobiliser dans un espace et un parcours (« prépas rebonds ») en faveur de l’insertion sociale citoyenne pour stabiliser l’insertion professionnelle.
Pourquoi cet engagement ?
C’est un honneur de diriger ce type de structure qui, je le rappelle, fait partie quand même d’un réseau de 152 écoles sur le territoire national. Cette école existe depuis 14 ans sur le territoire nantais.
Elle a été implantée d’abord à Nantes, puis à Saint-Nazaire depuis 2018. Il me semblait intéressant d’apporter à la direction et à la tête de cette école, toute mon expérience par rapport au parcours que j’ai eu, un parcours de plus de 20 ans en lien avec le monde économique. Par conséquent, je connais les problématiques du monde économique, mes clients étaient des dirigeants.
Donc l’idée, c’est comment faire rencontrer ce monde et leurs besoins en termes de recrutement avec des jeunes qui sont en recherche de stabilité au service de leur émancipation pour faire citoyenneté. Et modestement, j’accélère la mise en relation entre ces deux mondes qui, malgré leur bonne volonté, n’arrivent pas à se rencontrer. C’est là ma véritable plus-value.
Quelle est la valeur ajoutée que ces jeunes stagiaires apportent à l’entreprise qui leur donne cette seconde chance ?
L’opportunité, l’avantage et le bénéfice certain que nous témoigne aujourd’hui une entreprise en accueillant ces jeunes en stage, c’est véritablement de faire du sourcing en prévision de leur recrutement sur des métiers en tension. Les entreprises font du pré-recrutement avec les stages. Le deuxième avantage pour l’entreprise, c’est véritablement de faire vivre son engagement social et sociétal pour améliorer et renforcer sa marque employeur et valoriser son action sans « social washing » auprès de ses salariés. Ce sont vraiment les deux axes très avantageux que l’entreprise peut trouver aujourd’hui à travailler avec nous. Nous signons 525 conventions de stage par an et près de 300 entreprises interagissent avec l’E2C.
L’avantage pour une entreprise est de faire de faire du sourcing en prévision de leur recrutement sur des métiers en tension et de faire vivre son engagement social et sociétal pour améliorer et renforcer sa marque employeur et valoriser son action sans « social washing » auprès de ses salariés
Sur quels métiers ces jeunes peuvent-ils être formés en priorité ?
Nos jeunes ont des compétences sur un grand nombre de métiers. Pour citer quelques exemples, on peut parler des métiers de la vente, de la logistique comme préparateur de commandes, le service à la personne et des métiers nouveaux qui arrivent aujourd’hui. Nous sommes actuellement en train d’établir un partenariat très dynamique avec l’entreprise nantaise Underdog sur les métiers de la réparation, du réemploi, qui aujourd’hui recrute des métiers de techniciens, mais aussi des métiers peu qualifiés où les jeunes peuvent tout à fait avoir leur place en faveur de la transition socio-écologique de Nantes Métropole et de Saint-Nazaire.
Nous signons 525 conventions de stage par an et près de 300 entreprises interagissent avec l’E2C.
Quel accueil les entreprises du territoire réservent-elles aux stagiaires ?
Nous avons la chance d’avoir un formidable accueil des entreprises du territoire. Récemment, nous avons été accueillis pendant 48 heures par l’entreprise Armor, du PDG aux salariés. Cela a permis aux jeunes de découvrir les différentes fonctions d’une entreprise, et aux salariés d’avoir une expérience de rencontres sincères et réelles autour des métiers de l’entreprise et des problématiques que rencontrent ces jeunes. Nous sommes très satisfaits de ce type d’initiative surtout de la part d’une entreprise aussi connue et reconnue sur le territoire de la Loire-Atlantique.
Quelle valeur ajoutée ces jeunes apportent-ils aux entreprises qui leur donnent une seconde chance ?
J’ai envie de partager aux entreprises le message suivant : c’est que la plupart de ces jeunes sont des diamants bruts. Et que grâce à la coopération avec le monde économique, grâce à ce travail avec les formateurs de l’école, nous arrivons à en faire des pépites ! C’est extraordinaire de voir à quel point les personnes se transforment grâce aussi à l’accueil et au temps que consacre l’entreprise. C’est assez facile de le faire, et nous sommes là pour accompagner les entreprises à intégrer et à trouver une place dans leur structure organisationnelle.
La plupart de ces jeunes sont des diamants bruts (…) et nous arrivons à en faire des pépites.
Quels sont vos lieux préférés à Nantes et Saint-Nazaire ?
Un lieu à Nantes, un havre de paix, une cathédrale de la biodiversité, du calme, c’est le Jardin des Plantes. C’est un lieu magique dans lequel on peut se poser, trouver ce temps suspendu dans cette ville et à proximité du brouhaha de la gare de Nantes. Donc c’est un lieu que j’aime vraiment beaucoup.
A Saint-Nazaire, aussi paradoxal que cela puisse paraître pour ceux qui me connaissent, j’aime beaucoup l’ambiance industrielle, là où l’on fabrique les paquebots. C’est ce symbole du port avec son ouverture sur le monde, cette ambiance avec les ouvriers, les chevilles ouvrières de cette industrie, de ce bassin nazairien aujourd’hui qui est un véritable enjeu de transition et qui fait aussi l’identité de notre territoire.
Que sont les Ecoles de la 2e Chance?
Les Écoles de la 2e Chance ont été fondées par Édith Cresson, jadis Première ministre sous François Mitterrand. Elle s’est aperçue qu’un grand nombre d’adolescents, décrochant du parcours scolaire, se retrouvaient sans horizon, et ce d’autant plus lorsqu’ils venaient du monde rural ou des quartiers populaires. Elle a donc lancé l’École de la 2e Chance dans le but de les remobiliser et les réinscrire dans une dynamique visant à faire société.
La pédagogie active se décline sous trois axes essentiels, sur une période qui peut aller jusqu’à sept mois et demi : les remettre à niveau en français, mathématiques et numérique ; faire tourner le dispositif autour et avec l’entreprise, afin de créer des perspectives d’avenir et du lien social ; et enfin, placer la culture et les activités sportives au sein du plaisir d’apprendre.
👉 En fléchant votre taxe d’apprentissage vers l’École de la 2e Chance Nantes Saint-Nazaire, vous transformez une obligation fiscale en un engagement concret : offrir une seconde chance aux jeunes de notre territoire.
👉 Jusqu’au 5 novembre 2025, soutenez l’E2C sur SOLTéA (SIRET : 518 409 073 00054 / UAI : 0442748Y).