Nantes Saint-Nazaire Développement accueille 50 acteurs du réemploi à la veille des Assises nationales
La matinée s’est ouverte avec Emilie François-Diehl de Re-vert et Elsa Bortuzzo, cofondatrice de la Fresque de l’économie circulaire, qui ont rappelé l’urgence d’agir, mais aussi la puissance du collectif pour accélérer les pratiques.
Les visites d’entreprises ont démarré chez Cyneo, acteur nantais du réemploi dans le secteur de la construction qui héberge plusieurs corps de métier. “Nous sommes un chef d’orchestre au service du réemploi”, explique Anne Bouyé, cheffe de projets qui accompagne des chantiers — comme la future Tour Bretagne — dans l’identification et la seconde vie des matériaux. Dans le BTP, “plus on fait du réemploi, plus on décarbonne« , souligne-t-elle, alors que les obligations réglementaires accélèrent la demande. « On a besoin d’un territoire dynamique. L’économie circulaire est un bon moyen de travailler ensemble et de faire tomber les barrières. Pour que nos adhérents aient accès à plus de gisements « , prône la cheffe de projets de Cyneo, filiale de Bouygues.

« Le gisement est la clé du réemploi »
Le gisement, c’est aussi la clé d’Articonnex, hébergé chez Cyneo, qui revalorise jusqu’à 30 000 tonnes de matériaux par an et développe une usine dédiée au remanufacturing du bois. Chez Articonnex, Emmanuel Morel témoigne de l’immense potentiel de récupération dans la construction. Avec 9 entrepôts et une petite usine de remanufacturing, l’entreprise récupère poutres, portes, bardages ou plafonds pour leur donner une seconde vie. “Le sujet majeur, c’est le gisement. Il faut coordonner très tôt les chantiers pour inscrire le réemploi dans les cahiers des charges« . A la Miroiterie du Réemploi, on récupère le verre pour des projets d’aménagement intérieur. Même logique chez Gueules de Bois, qui transforme les décors et structures du BTP en mobilier ou aménagements sur mesure. Dernier en date, la récupération d’une scénographie du Château des Ducs pour la réalisation d’une borne d’accueil pour Eiffage.

« Des heures d’insertion au m2 »
Parmi les initiatives les plus emblématiques, Bat’IPAC a impressionné par son modèle low tech et inclusif : une chaîne de production dans la construction en carton issu du recyclage, pensée pour des personnes en situation de handicap, capable de transformer 4,5 tonnes de cartons en murs et toitures d’une maison de 90 m² chaque jour. “Le seul matériau avec des heures d’insertion intégrées au mètre carré”, rappelle son directeur Alain Marboeuf.

Les Ecossolies, centre névralgique de l’ESS
La visite s’est poursuivie aux Ecossolies. Ici, l’’économie circulaire prend cette année une nouvelle dimension, avec la foncière solidaire présentée par Emilie Sarrazin, directrice du lieu. Plusieurs startups du réemploi et de l’ESS sont venues pitcher. Dans la santé, Clémence Cornet de Redeem Medical prépare ses premières livraisons de dispositifs médicaux reconditionnés aux hôpitaux.

De l’upcycling textile
Côté upcycling textile, Hedj donne une seconde vie aux maillots du HBC Nantes ou aux polos de la Semitan, quand Artefact transforme voiles de kitesurf et matières techniques en sacs à dos haut de gamme. La fabrique d’Arachne s’inscrit elle aussi dans cette dynamique de la mode responsable en revalorisant les stocks dormants de textile.
Au réemploi de matériel numérique et agroalimentaire
La journée a également mis en lumière les solutions numériques responsables et reconditionnées : AfB, entreprise inclusive employant 20 personnes en situation de handicap à Nantes, ou Modixia, qui collecte et remet en circulation du matériel informatique éco-conçu dans son usine low tech de Saint-Herblain.
Enfin, le réemploi touche aussi la restauration, avec Les Boîtes Nomades, qui opère un réseau de 75 restaurants engagés et travaille avec Naofood, ainsi que Kignon, qui transforme les baguettes invendues — 600 000 jetées chaque jour en France — en biscuits produits par 30 personnes en situation de handicap. « Disney et carrefour sont nos 2 derniers partenaires. Dans le réemploi comme ailleurs, c’est le business qui fait l’impact« , mentionne Katia Tardy, co-fondatrice de Kignon.
La journée s’est poursuivie par les visites d’autres entreprises nantaises du réemploi comme Malakio, Instead et Bout’ à Bout’.
Ce n’est donc pas un hasard si Nantes accueille les 1ères Assises nationales du réemploi et de l’économie circulaire. Une dynamique qui illustre la force d’un territoire où la coopération et l’engagement ouvrent la voie à une économie circulaire créatrice d’emplois et d’impact.
Un projet dans le réemploi ou l'économie circulaire ?
Julie LETAN
Chargée de développement Economie circulaire et Réemploi
+33 (0)6 73 88 33 91